Lettre à une nounou

Maman? Tata Pim's, avant, c'était ma maman?

Nous vous avons choisi avec sérénité alors que notre bébé était encore dans mon ventre.

De belles qualités vous caractérisaient, et font encore parti de vous; enjouée; organisée; affectueuse; droite et honnête.

Je ne pensais pas lors de notre premier entretien que vous évinceriez mon rôle de maman.

Nous avons bien compris par la suite qu'une relation nounou- parents n'est pas un long fleuve tranquille mais le temps que les choses se mettent en place, cela nous semblait acceptable.

Renardeau avait 2 mois passé et était heureux en votre compagnie & ses petits copains qu'il retrouvait chaque jour.

Je vous emmenais mon petit renard chaque matin et filais vite au travail.

25 minutes aller-retour au pas de course avec la poussette.

J'accusais vos remontrances et elles étaient nombreuses :

- C'est 8h55 les arrivées, pas 9h

- Il n' a pas de morceaux dans la compote car hier...

- noooon pas de miel avant 12mois révolus!

- je lui ai coupé les ongles, ils étaient trop long

Et j'appelais, en courant après mon tramway, mon Mr Fantastic Fox en pleurs car j'étais une mauvaise mère qui n'avait pas anticipé toutes ces erreurs!

De plus vous nous envoyiez des photos et des films, vous étiez une nounou en or!

On vous a recommandé!

Et je pense encore aujourd'hui que vous êtes une bonne assistante maternelle.

Mais il est arrivé quelque chose dans votre vie qui vous a empêché d'avoir un enfant. 

Vous aviez mon âge, votre douleur nous attristait.

Inconsciemment mais insidieusement vous avez volé le cœur de mon fils. 

J'ai accepté vos conseils bienveillants, m'effaçant.

De 2 mois à 2 ans, vous avez couvé cet enfant que j'ai porté pendant 9 mois.

Vous avez donné le biberon et habillé Renardeau tout bébé parce qu'il dormait tard le matin.

Chaque enfant avait ses chaussons. 

Un jour je vous envoie une photo de chaussons que j'avais commandé, vous m'avez répondu : et regardez ceux que j'ai déjà choisi pour Renard ne sont-ils pas les plus beaux??

Vous choisissiez des doudou pour chaque enfant que vous gardiez. Le doudou repart avec chaque enfant quand il vous quitte, pour garder une trace de vous j'imagine... celui de renard est dans son lit mais vraiment pour ne pas lui faire de peine. 

Vous avez dorloté, plus que les autres, notre enfant.

Vous nous avez envoyé des photos de VOUS & LUI tel une maman et son bébé.

Vous étiez fière qu'il se tienne debout, mais c'était avec vous la première fois. On vous a fait promettre de garder le secret s'il marchait pour la première fois avec vous.

Heureusement le 14 juillet 2016 nous l'avons vécu en famille ce moment incroyable.

Vous lui chantiez des JE T'AIME.

Je n'ai rien dit car au moins il était aimé.

Et puis chaque soir il ne voulait pas quitter vos bras et venir avec nous.

Renardeau faisait des crises de stress de 12 min de trajet à pied, qu'il vente, qu'il pleuve, il hurlait dans la poussette.

Et je pleurais.

J'ai fait un burn out.

J'ai consulté un psychiatre puis une psychologue. 

J'ai réalisé que je n'écoutais pas mon instinct de mère.

Il y a eu le geste de trop. 

Vous avez repris DE MES BRAS mon bébé qui pleurait parce qu'il ne voulait pas vous quitter. 

La transition peut être compliquée mais vous n'aviez pas le droit.

J'ai pleuré à l'intérieur et me suis sentie nulle.

J'ai pris sur moi et plusieurs jours après vous en ai parlé. Vous avez présenté vos excuses certes, et ne pensiez pas à mal.

Vous avez entrepris une adoption et êtes parti 3 mois en promettant à Renard de revenir. Nous avons reçu une vidéo toutes les 3 semaines dédiées à renardeau où vous lui disiez combien vous l'aimiez et combien il vous manquait, que vous alliez revenir vite en avion.

Des vidéos que vous envoyiez je n'en ai jamais jeté aucune, pour lui. A contre cœur.

Si vous saviez comme je souffrais de cet amour qu'il vous portait!

Vous n'êtes pas revenue.

Un mal pour lui, un bien pour nous.

Une chose que nous retenons de positif est le choix de la remplaçante que vous nous avez conseillé.

Cela fait 2 ans qu'elle s'occupe de petit Renard. Et ça été une transition très complexe. Renardeau se sentait abandonné par sa première nounou, et par nous, chaque matin. Durant 6 mois il a hurlé et s'échappait par la porte d'entrée.

Nouvelle nounou a éclaircit toute l'histoire. 

Nous avons compris pourquoi Renard confondait sa maman et sa nounou.

Vous gardiez mon fils dans vos bras pendant les siestes dans la salle où toutes les nounous et leur tribu se réunissaient 3 fois par semaine.
Les autres assistantes maternelle vous ont mise en garde, conseillé. Vous n'en faisiez qu'à votre tête.

Vous utilisiez vos propres pyjamas pour leurs siestes.

Il ne vous lâchait pas d'une semelle. Pleurait à chaque fois que vous vous éloigniez. Ne jouait avec personne. Vous avez créé son monde autour de vous.

Et vous avez eu le culot de demander à la nouvelle nounou si nous n'étions pas trop compliqué comme nous l'étions avec vous!

Mon renardeau fait partie des 15% d'hyper-sensible, il n'était pas prêt à lâcher tout cet amour, pourquoi lui avoir tant donné pour lui reprendre?

Maintenant vous avez un fils et vous maternez votre propre enfant.

Je vous en veux, et je m'en veux. 

J'essaie de vous pardonner. Mais pour cela je dois d'abord me pardonner.

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Epilogue

C'est avec force que j'écris cet article de blog, aujourd'hui Renard a 4 ans et à cet instant il dort à mes côtés sur le canapé. Je l'aime.
Il est d'une sensibilité exacerbée mais gère mieux les changements. 

Sa nouvelle nounou l'a porté avec nous pour l'aider à construire sa confiance en l'adulte.
L'école aide beaucoup. Il est métamorphosé.

Il n'a jamais été associable avec les autres en notre compagnie. Je ne comprends donc pas pourquoi il était accroché à elle. Enfin j'ai ma théorie. Nous le poussions à aller vers l'autre, pas elle. Il le sentait.

Il croise toujours nounou Pim's. L'embrasse gentiment mais n'est plus attaché à elle. 
Elle ne fait plus partie des référents affectifs. Elle a aussi eu de la peine de ne plus le garder j'en suis sûre.

Trop d'affectif dans cette histoire.

Ma colère s'estompe mais pas ma rancune. 


Aimez-vous bien, Stéphanie